L’endométriose touche une femme sur dix, peut-être certaines de vos travailleuses ?

De quoi s’agit-il ?
L’endométriose est une maladie chronique inflammatoire qui touche les personnes menstruées et se caractérise par la présence de tissus semblables à l’endomètre sur différents organes en dehors de l’utérus. Les symptômes de l’endométriose sont multiples et leur intensité varie selon les personnes atteintes ainsi que dans le temps. Les symptômes les plus courants sont des règles très douloureuses, des douleurs aiguës au ventre, une fatigue chronique, des troubles digestifs et/ou urinaires, des malaises ou encore des douleurs lombaires.

L’endométriose a un impact sur le bien-être au travail
Une femme sur dix souffre d’endométriose et 65 % d’entre elles estiment que la maladie a un impact négatif sur leur vie professionnelle, leur bien-être au travail et leurs perspectives de carrière.
L’impact sur le travail sera différent pour chaque personne atteinte. Il peut notamment s’agir des symptômes compliqués à gérer sur le lieu de travail ou difficilement compatibles avec certaines tâches ou fonctions, comme des douleurs liées à une position statique prolongée (assise ou debout) ou des passages aux toilettes urgents, fréquents ou prolongés. De plus, l’endométriose, notamment à cause de la fatigue chronique, peut entrainer une baisse de la concentration et une diminution de la productivité. Enfin, la maladie peut causer un absentéisme fréquent, dû au suivi médical nécessaire ou à la douleur. Les crises, douloureuses, sont imprévisibles et les absences sont donc difficiles à anticiper. Ces symptômes peuvent entrainer chez la travailleuse du stress, de la culpabilité, un isolement et une diminution des perspectives en matière d’évolution professionnelle.
La maladie a également un impact sur l’association. L’absentéisme peut par exemple engendrer une désorganisation dans le travail ainsi que des tensions et de l’incompréhension au sein de l’équipe.
Néanmoins, dans le monde du travail, communiquer sur cette maladie qui touche à l’intime reste tabou, au même titre que d’autres thématiques liées aux femmes, comme les menstruations ou la ménopause. De plus, les travailleuses concernées préfèrent parfois éviter d’aborder le sujet, de peur de la stigmatisation et de la discrimination qui pourraient en découler.

Que mettre en place pour le maintien à l’emploi des travailleuses concernées ?
Avant toute chose, on veillera à construire une culture favorisant l’inclusion sur le lieu de travail, notamment par rapport à l’endométriose et aux maladies chroniques en général. Cela passe par la sensibilisation et la formation des équipes, des responsables d’équipe et de la direction, ce qui permet de prévenir les tensions et de se sentir outillé∙e face à une collègue concernée.

Dans un climat bienveillant, la travailleuse malade sera également plus en confiance pour en parler avec son ou sa responsable. Cet entretien est l’occasion d’identifier les besoins de la personne et les mesures qui pourraient la soulager. Il est important d’associer la travailleuse à l’élaboration et à l’évaluation des mesures mises en place. Le ou la conseiller∙e en prévention-médecin du travail peut également être consulté∙e.
Quelques idées de mesures, qui peuvent être introduites ponctuellement en cas de crise ou de façon pérenne :
• Rappel à l’ensemble du personnel de la possibilité de demander une consultation spontanée auprès du ou de la conseiller∙e en prévention-médecin du travail ;
Aménagements du poste de travail : chaise de bureau ergonomique et confortable, poste de travail à proximité de toilettes, équipements permettant de limiter le port de charges ou de faciliter certaines manipulations/positions, mise à disposition d’un endroit pour se reposer dans le calme… ;
Aménagements de l’activité : report ou suppression des tâches susceptibles d’aggraver les douleurs et des tâches difficilement compatibles avec un absentéisme parfois imprévu ;
Aménagements du temps de travail : flexibilité des horaires de travail (horaires décalés ou flottants, pauses plus fréquentes, temps partiel…) ;
• Mise en place du télétravail de façon systématique ou en cas de douleurs ou difficultés temporaires ;
En cas d’absentéisme de longue durée : accompagnement de la travailleuse durant l’absence ainsi que lors de la reprise.

Remarque : on veillera à respecter le secret médical. Ainsi la travailleuse n’a aucune obligation de partager sa pathologie avec son employeur et, dans le cas où elle choisit de partager l’information avec son ou sa responsable, il ou elle doit garantir le secret médical vis-à-vis du reste de l’équipe.

Pour aller plus loin / Sources :
Anact. (2024). Endométriose et travail : comprendre et agir : Guide pour les dirigeants et manageurs. https://www.anact.fr/sites/default/files/2024-03/guide_anact_endometriose_a5_bd_pap.pdf
BRUXEO. (2023, 2 janvier). La santé des femmes au travail : vers des entreprises plus inclusives. So Divercity. https://sodivercity.bruxeo.be/fr/la-sant%C3%A9-des-femmes-au-travail-vers-des-entreprises-plus-inclusives
Kerialis & EndoFrance. (2022). Endométriose et emploi : Livre blanc. https://endofrance.org/wp-content/uploads/2022/09/livre-balnc-2022.pdf