Comment concilier réduction de votre consommation énergétique et bien-être des membres de votre équipe ?

Que dit le législateur ?
Le Code du bien-être au travail définit une température minimale, dépendant de la pénibilité du travail effectué. En-dessous de ces valeurs, l’employeur doit prendre des mesures techniques et organisationnelles. Celles-ci se rapportent notamment à des moyens techniques pour agir sur la température, à l’adaptation des horaires de travail ou de l’organisation de travail, à l’adaptation des équipements de travail ou des méthodes de travail.

La température de l’air ne peut pas être inférieure à :

  • 18°C pour un travail très léger (travail sur écran…)
  • 16°C pour un travail léger (conduite de voiture…)
  • 14°C pour un travail moyen (menuiserie, conduite de tracteur…)
  • 12°C pour un travail lourd (utilisation d’une bêche ou d’une brouette…)
  • 10°C pour un travail très lourd (excavation)

Le législateur impose également à l’employeur de prendre en compte le confort thermique des travailleurs et travailleuses. Celui-ci est défini comme la satisfaction d’une personne vis-à-vis des conditions thermiques de son environnement. Il s’agit de la situation où la personne ne souhaite avoir ni plus chaud ni plus froid. Le confort thermique ne dépend pas uniquement de la température de l’air ambiant. Il peut être influencé par les facteurs suivants :

  • température de l’air,
  • humidité relative de l’air,
  • vitesse de l’air,
  • activité physique,
  • habillement,
  • température des parois et des surfaces de contact,
  • et âge et condition physique des travailleurs et travailleuses.

Ainsi, un sol froid, un bureau en métal ou en verre plutôt qu’en bois, ou encore un espace de travail à proximité d’un courant d’air, vont avoir un impact sur le confort thermique.
Ce dernier dépend donc en partie des perceptions individuelles. Il est dès lors difficile de parvenir à une situation dans laquelle chaque personne est satisfaite. La norme EN ISO 7730 considère que la situation optimale est atteinte lorsque le pourcentage de personnes insatisfaites est inférieur à 10 %.
Selon plusieurs études, c’est quand la température de l’air est à 22°C que le plus grand confort thermique est en moyenne atteint et que la productivité de vos travailleurs et travailleuses est la plus importante. Il s’agit cependant d’une moyenne, que l’on peut difficilement généraliser, étant donné les nombreux facteurs qui influencent le confort thermique.

Comment améliorer le confort thermique sans casser la tirelire ?

Une personne n’est pas l’autre, de même que les espaces de travail sont différents selon les fonctions. Il est dès lors important d’associer les travailleurs et travailleuses à la définition et la mise en place d’éventuelles mesures visant à améliorer leur confort. Faire de la consommation d’énergie une préoccupation collective permet aussi de sensibiliser et motiver les équipes.

Mesures techniques
Il existe de nombreuses possibilités techniques pour réduire sa consommation énergétique sans diminuer le confort thermique : entretiens réguliers des installations, adaptation de la programmation horaire du chauffage, isolation des tuyaux d’eau chaude… Vous en trouverez sur le site fédéral pour une consommation responsable de l’énergie, EnergyWatchers, ainsi que sur le site d’Idewe.
Attention, en cas d’utilisation d’appareils de chauffage électriques, il est important de sensibiliser les membres du personnel aux risques d’incendie.

Mesures organisationnelles
L’organisation au sein des locaux de travail peut être repensée, après avoir répertorié les zones froides et les zones plus chaudes. On pourrait ainsi éloigner les bureaux des portes ou des fenêtres, mettre des tapis au pied des travailleurs et travailleuses si le sol est froid… D’autres mesures pourraient être de déplacer les poubelles/la photocopieuse/la machine à café pour inviter les personnes à se lever plus régulièrement ou d’encourager les travailleurs et travailleuses à prendre l’air durant la pause de midi. En effet, le mouvement augmente la température corporelle. Petit bonus : cela diminue les risques de troubles musculosquelettiques !

Habillement
Les vêtements que l’on porte influencent également le confort thermique. Il est important de sensibiliser le personnel à l’importance de s’habiller plus chaudement, de choisir des matières isolantes ou de porter une couche supplémentaire. Pour encourager les travailleurs et travailleuses, l’employeur peut mettre une armoire ou des casiers à disposition permettant de laisser un pull ou un plaid sur le lieu de travail.
Le groupe de recherche SlowHeat travaille sur des systèmes de chauffage innovants, centrés sur l’humain et sur l’activité. Il met à disposition un parcours en cinq étapes pour repenser notre façon d’habiter nos espaces de vie, dans lequel sont proposées des mesures organisationnelles, techniques et vestimentaires.
En cas de travail à l’extérieur, des mesures préventives techniques et organisationnelles doivent également être mises en place lorsque la température chute sous les valeurs minimales définies par le Code. Cela peut être notamment l’adaptation des vêtements portés, l’instauration de pauses à l’intérieur plus régulières, la modification de l’organisation du travail pour éviter le travail à l’extérieur en cas de pic de froid ou la fourniture de boissons chaudes.

Communiquer à propos de la politique énergétique

Le confort thermique dépend en partie des perceptions individuelles, ce qui le rend propre à chacun∙e. Il est dès lors indispensable de porter une attention particulière à la communication sur cette thématique, en expliquant les décisions prises en matière d’énergie sur le lieu de travail. L’employeur s’assurera que la ligne hiérarchique transmet le même message aux différentes équipes. Pour que les travailleurs et travailleuses puissent poser leurs questions et/ou remonter les problèmes, l’employeur peut également désigner une personne de contact unique pour les questions liées à cette thématique. Enfin, il est important d’évaluer régulièrement la politique énergétique mise en place, en prenant en compte la façon dont chacun·e vit la situation.

Ressources

Pour aller plus loin